samedi 13 juin 2015

Independance et Processus democratique mal partis


En Mauritanie, l’Independence est acquise sur fond de tensions ethniques et tribales qui continuent à le ronger, à freiner son développement et à la longue à compromettre son avenir. Une indépendance acquise âpres la période dite de pacification pendant laquelle les français voulant mieux exploiter le pays ont procédé a des arrangements pour diminuer les tensions existantes d`abord entre les maures et les nécros de deux rives du fleuve Sénégal appelé jadis Fouta Toro et par la suite tendre vers l`abolition des grands émirats qui se disputaient de la main mise sur la Mauritanie une fois l`indépendance acquise.
Au début des indépendances, on assistait à deux pôles antagonistes en Mauritanie, les arabo-berbères et les negro-mauritaniens. Les arabo- berbères tenant les rênes du pouvoir sous la présidence de Mokhtar Ould Daddah n`avaient jamais caché leurs ambitions de bâtir un pays exclusivement maure et ont œuvre par tous les moyens possibles d`exterminer sa composante negro-mauritanienne. L`objectif vise était de chercher d`abord par le biais de la langue arabe et de la culture islamique à assimiler les noirs pour devenir comme les maures noirs ou les Haratins.
Nous avons vu comment le pouvoir de Mokhtar de Ould Daddah a trahi les negro-mauritaniens avec l`aide de la France et des pays arabes. Les negro-mauritaniens ont jeté les fondements de l`administration du pays car ils étaient les mieux et plus éduqués dans la langue française utilisée exclusivement comme langue de travail et d`administration. Les français soucieux d` exploiter la Mauritanie ont aidé à l`épanouissement de leur langue afin que les échanges puissent être fluides même si les mauritaniens n`allaient pas épouser leur culture.
Avec l`aide des pays arabes qui voulaient aussi élargir leur influence au Maghreb et dans l`Afrique noire ont financé les politiques de l`introduction de la langue Arabe dans le système éducatif mauritanien et par la suite dans son administration. Beaucoup d`étudiants des Mahadras et de l`institut de Boutilimit ont été octroyés des bourses pour aller étudier en Iraq, en Syrie, au Liban, en Egypte etc…..pour revenir avec les idées nationalistes nasséristes et bassistes. Ces idées ou idéologies acquises dans ces pays arabes les ont permis d`accélérer leurs visées négrophobes et  exclusionistes de la composante négro-africaine de la Mauritanie.
La conscience de la domination des arabo-berbères sur les maures noirs ou Haratins n`était pas à l`ordre du jour et c`est avec l`avènement du mouvement Elhor qu`une certaine prise de conscience de l`esclavage et de l`asservissement des Haratins commença à faire son petit bonhomme de chemin vers la lutte pour leur libération. Bien vrai qu`il y ait eu des Haratins emprisonnes à cause de leurs idées revendicatrices de la libération des maures noirs, les tords, les exactions extrajudiciaires les plus humiliants n`étaient appliques qu`aux negro-mauritaniens. Ce génocide enveloppe dans ce qui est plus connu comme passif humanitaire fut le point culminant pour les arabo-berbères dans leur politique d`exclusion, de marginalisation et même du déni des noirs en Mauritanie.
Certes, c`est avec l`arrivée des militaires au pouvoir que les foudres du régime raciste érige en système politique commencèrent à abattre sous le ciel de la communauté negro-mauritanienne et en premier chef sa composante Peule.  Durant les années de braise, pendant que les arabo-berbères exerçaient tous les tords sur les negro-mauritaniens, les Haratins et surtout l’élite dite éduquée avait fermé les yeux sur tout ce qui se passait et ont même était utilisée pour torturer et tuer leurs frères par le sang. Certes, certains d`entre eux ont été manipules et utilises pour commettre ces forfaits mais l’élite avertie ou intellectuelle n`a pas dénoncé ces atrocités. Etre neutre ou indiffèrent face à une situation d`injustice, c`est choisir de se ranger du camp de l`oppresseur.
Le processus démocratique a l`instar de l`avènement de l`indépendance est intervenu sur fonds de tensions tribales et ethniques mais la différence est que lorsque le processus de décentralisation était lance en 1986, c`est la même année que les auteurs du manifeste du negro-mauritanien opprime ont été arrêtés et emprisonnes dont certains comme TENE YOUSSOUF GUEYE ont péri sous la torture. Du lancement du processus de décentralisation en 1986 a l`avènement de la constitution de 1991, c`étaient 5 années qui ont marqué le Climax non de la barbarie mais la volonté d`exterminer tout un peuple.
Le système raciste, voulant toujours profiter des faveurs de la France, rédigea  la constitution de 1991 après que François Mitterand déclara dans le sommet de La baule que toute aide de la France à ses anciennes colonies serait liée au multipartisme et à la démocratie.  Cette constitution loin d`un consensus et loin de jeter les bases d`une Mauritanie égalitaire et dont une partie des articles n`est qu`un copier- coller de la constitution française et l`autre des articles pour permettre au système raciste de perdurer n`était pas votée par les negro-mauritaniens sauf une poignée  utilisée par le pouvoir de l`époque pour la légitimer.
Si le processus démocratique tarde à se mettre sur les rails, c`est qu`elle est intervenue alors que les bases d`une Mauritanie ou unie, juste et égalitaire n`étaient pas jetées. Les questions nationales majeures n`ont point été abordées pour en trouver des pistes de solutions. Ces questions nationales sont l`unité nationales avec tous ses paramètres, la cohabitation, la cohésion sociale et l`esclavage ou ses séquelles suivant les positions des uns et des autres.
Le système raciste à utiliser la tribu et à travers elle le chef de tribu qui demande les nominations de ses gens dans des postes de responsabilités et pour avoir des services sociaux de base pour mieux perdurer. Ce fut une concurrence rude entre les tribus pour partager le gâteau avec les pouvoirs respectifs en place et l`état était faisait du gagnant- gagnant avec les chefs des tribus dont il suffit de donner le mot d`ordre pour que toute la tribu vote le pouvoir. Le système a aussi utilisé les familles Haal pulaar dites régnantes ou aristocrates comme stratégie de dosage ethnique du gouvernement et pour  duper l`opinion publique internationale.
Pour clore ce chapitre avant d`aborder un autre nous allons citer Philip Marchesin qui a dit dans son ouvrage `Tribus, Ethnies et Pouvoir` que je vous recommande de bien vouloir lire que `la politique en Mauritanie reste encore une affaire de tribu, de famille et d`ethnie`.
Aujourd`hui la Mauritanie est aux croisées des chemins. Il est impératif que ses intellectuels, je dis ses bons intellectuels tentent de la sauver avant qu`il ne soit trop tard car je suis convaincu que les politiciens ou les mauvais intellectuels ne pourront nous sortir de cette impasse car ces derniers détestent le dialogue et ne supportent pas les contradictions et les différences. Tout observateur averti de la scène politique nationale peut voir incontestablement que la Mauritanie veut changer dans le bon sens même des pesanteurs militaro- affairisto-tribales se dressent sur son chemin.
La Mauritanie est un pays dont le système tente toujours et réussit à caser les intellectuels pour devenir des politiciens acquis aux systèmes en place. Les bons intellectuels ont le devoir d`éveiller le peuple dans ses droits et ses obligations pour qu`il vive en paix, en harmonie, en parfaite cohésion dans l`amour, la justice, le respect de la dignité de chacun.
Le dialogue politique tant attendu entre le pouvoir et l`opposition semble ne pas évoluer car les politiques ne cherchent que leurs intérêts pour la plupart. Comment faire participer les bons intellectuels du pays s`il y en a dans ce dialogue tant attendu ?  Si les politiciens sont laisses à eux-mêmes, le dialogue ne tournera qu`autour des questions mineures et purement électoralistes et non pas les questions de fonds pour jeter les bases d`une Mauritanie qui aspire au développement.
Tout dialogue qui ne chercherait pas à évoquer la question nationale, la cohabitation,  les séquelles de l`esclavage,  l`éducation, la distribution des richesses, les questions foncières, l`enrôlement en somme la justice sociale et l’égalité des chances entre tous les citoyens du pays  ne serait que prendre le peuple comme otage  sans l’arène politique. Certains commencent à parler de l`amendement de quelques articles de la constitution pour lever quelques verrous tels que le mandat du président (2 mandats de 6 ans non renouvelables)  et l’âge limite de candidature à l`élection présidentielle fixée à 75 ans.
Il serait mieux  pour la Mauritanie et pour son développement  économique et social et pour le renforcement de son processus démocratique de laisser le Président actuel terminer son deuxième et dernier mandat car cette stabilité même dans la douleur pour certains serait mieux que toute dissolution de l`assemblée et d`organiser des élections anticipées avec une révision de la constitution qui risqueraient de plonger le pays dans des lendemains incertains.
A force que l`opposition veuille coute que coute arriver au pouvoir et que le pouvoir cherche par tous les moyens possibles de conserver ce pouvoir dans un pays aux institutions encore fragiles et ou les revendications sociales et identitaires couplées a la crise sécuritaire dans le sahel sont du quotidien, toute révision de la constitution qui verserait vers les amendements du mandat présidentiel et les âges limites des candidats aux présidentielles pourrait conduire la Mauritanie dans l`inconnu.
Je ne prétends être ni un bon intellectuel non plus un fin politicien mais un observateur averti de tout ce qui se passe en Mauritanie du point de vue politique, économique, culturel, social, sécuritaire, développemental etc…mais je pense que les questions nationales ne sont pas bien posées en Mauritanie. Chercher à les poser dans cette atmosphère polluée par les politiciens de tout bord  ne les résolvent guère.
Au lieu d`aller vers un dialogue qui ne verserait pas dans le traitement de la question nationale, de la bonne cohabitation et une cohésion sociale entre les différentes composantes ethniques de la Mauritanie serait une perte de temps et d`opportunité et plus grave prendre le peuple en otage.
Si vraiment toutes les parties pour ne pas dire les deux extrêmes sont sincères sur la volonté de refonder la Mauritanie loin des agendas caches et politiciens mieux vaut organiser un congrès national pour débattre sans tabou et sans détour toutes les questions qui  relèvent de la stabilité, de la sécurité et du développement économique, social et humain durable de la Mauritanie même s`il faut aller vers une nouvelle constitution plus juste, égalitaire et démocratique par la suite.








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