En Mauritanie, l’Independence est acquise sur fond de
tensions ethniques et tribales qui continuent à le ronger, à freiner son
développement et à la longue à compromettre son avenir. Une indépendance
acquise âpres la période dite de pacification pendant laquelle les français
voulant mieux exploiter le pays ont procédé a des arrangements pour diminuer
les tensions existantes d`abord entre les maures et les nécros de deux rives du
fleuve Sénégal appelé jadis Fouta Toro et par la suite tendre vers l`abolition
des grands émirats qui se disputaient de la main mise sur la Mauritanie une
fois l`indépendance acquise.
Au début des indépendances, on assistait à deux pôles
antagonistes en Mauritanie, les arabo-berbères et les negro-mauritaniens. Les
arabo- berbères tenant les rênes du pouvoir sous la présidence de Mokhtar Ould
Daddah n`avaient jamais caché leurs ambitions de bâtir un pays exclusivement
maure et ont œuvre par tous les moyens possibles d`exterminer sa composante
negro-mauritanienne. L`objectif vise était de chercher d`abord par le biais de
la langue arabe et de la culture islamique à assimiler les noirs pour devenir
comme les maures noirs ou les Haratins.
Nous avons vu comment le pouvoir de Mokhtar de Ould
Daddah a trahi les negro-mauritaniens avec l`aide de la France et des pays
arabes. Les negro-mauritaniens ont jeté les fondements de l`administration du
pays car ils étaient les mieux et plus éduqués dans la langue française
utilisée exclusivement comme langue de travail et d`administration. Les français
soucieux d` exploiter la Mauritanie ont aidé à l`épanouissement de leur langue
afin que les échanges puissent être fluides même si les mauritaniens n`allaient
pas épouser leur culture.
Avec l`aide des pays arabes qui voulaient aussi élargir
leur influence au Maghreb et dans l`Afrique noire ont financé les politiques de
l`introduction de la langue Arabe dans le système éducatif mauritanien et par
la suite dans son administration. Beaucoup d`étudiants des Mahadras et de
l`institut de Boutilimit ont été octroyés des bourses pour aller étudier en
Iraq, en Syrie, au Liban, en Egypte etc…..pour revenir avec les idées
nationalistes nasséristes et bassistes. Ces idées ou idéologies acquises dans
ces pays arabes les ont permis d`accélérer leurs visées négrophobes et exclusionistes de la composante
négro-africaine de la Mauritanie.
La conscience de la domination des arabo-berbères sur les
maures noirs ou Haratins n`était pas à l`ordre du jour et c`est avec
l`avènement du mouvement Elhor qu`une certaine prise de conscience de
l`esclavage et de l`asservissement des Haratins commença à faire son petit
bonhomme de chemin vers la lutte pour leur libération. Bien vrai qu`il y ait eu
des Haratins emprisonnes à cause de leurs idées revendicatrices de la libération
des maures noirs, les tords, les exactions extrajudiciaires les plus humiliants
n`étaient appliques qu`aux negro-mauritaniens. Ce génocide enveloppe dans ce
qui est plus connu comme passif humanitaire fut le point culminant pour les
arabo-berbères dans leur politique d`exclusion, de marginalisation et même du
déni des noirs en Mauritanie.
Certes, c`est avec l`arrivée des militaires au pouvoir
que les foudres du régime raciste érige en système politique commencèrent à
abattre sous le ciel de la communauté negro-mauritanienne et en premier chef sa
composante Peule. Durant les années de
braise, pendant que les arabo-berbères exerçaient tous les tords sur les
negro-mauritaniens, les Haratins et surtout l’élite dite éduquée avait fermé
les yeux sur tout ce qui se passait et ont même était utilisée pour torturer et
tuer leurs frères par le sang. Certes, certains d`entre eux ont été manipules
et utilises pour commettre ces forfaits mais l’élite avertie ou intellectuelle n`a
pas dénoncé ces atrocités. Etre neutre ou indiffèrent face à une situation
d`injustice, c`est choisir de se ranger du camp de l`oppresseur.
Le processus démocratique a l`instar de l`avènement de
l`indépendance est intervenu sur fonds de tensions tribales et ethniques mais
la différence est que lorsque le processus de décentralisation était lance
en 1986, c`est la même année que les auteurs du manifeste du
negro-mauritanien opprime ont été arrêtés et emprisonnes dont certains comme
TENE YOUSSOUF GUEYE ont péri sous la torture. Du lancement du processus de décentralisation
en 1986 a l`avènement de la constitution de 1991, c`étaient 5 années qui ont
marqué le Climax non de la barbarie mais la volonté d`exterminer tout un
peuple.
Le système raciste, voulant toujours profiter des faveurs
de la France, rédigea la constitution de
1991 après que François Mitterand déclara dans le sommet de La baule que toute
aide de la France à ses anciennes colonies serait liée au multipartisme et à la
démocratie. Cette constitution loin d`un
consensus et loin de jeter les bases d`une Mauritanie égalitaire et dont une
partie des articles n`est qu`un copier- coller de la constitution française et
l`autre des articles pour permettre au système raciste de perdurer n`était pas
votée par les negro-mauritaniens sauf une poignée utilisée par le pouvoir de l`époque pour la
légitimer.
Si le processus démocratique tarde à se mettre sur les
rails, c`est qu`elle est intervenue alors que les bases d`une Mauritanie ou
unie, juste et égalitaire n`étaient pas jetées. Les questions nationales
majeures n`ont point été abordées pour en trouver des pistes de solutions. Ces
questions nationales sont l`unité nationales avec tous ses paramètres, la
cohabitation, la cohésion sociale et l`esclavage ou ses séquelles suivant les
positions des uns et des autres.
Le système raciste à utiliser la tribu et à travers elle
le chef de tribu qui demande les nominations de ses gens dans des postes de
responsabilités et pour avoir des services sociaux de base pour mieux perdurer.
Ce fut une concurrence rude entre les tribus pour partager le gâteau avec les
pouvoirs respectifs en place et l`état était faisait du gagnant- gagnant avec
les chefs des tribus dont il suffit de donner le mot d`ordre pour que toute la
tribu vote le pouvoir. Le système a aussi utilisé les familles Haal pulaar
dites régnantes ou aristocrates comme stratégie de dosage ethnique du
gouvernement et pour duper l`opinion
publique internationale.
Pour clore ce chapitre avant d`aborder un autre nous
allons citer Philip Marchesin qui a
dit dans son ouvrage `Tribus, Ethnies et Pouvoir` que je vous recommande de
bien vouloir lire que `la politique en Mauritanie reste encore une affaire de
tribu, de famille et d`ethnie`.
Aujourd`hui la Mauritanie est aux croisées des chemins.
Il est impératif que ses intellectuels, je dis ses bons intellectuels tentent
de la sauver avant qu`il ne soit trop tard car je suis convaincu que les
politiciens ou les mauvais intellectuels ne pourront nous sortir de cette
impasse car ces derniers détestent le dialogue et ne supportent pas les
contradictions et les différences. Tout observateur averti de la scène
politique nationale peut voir incontestablement que la Mauritanie veut changer
dans le bon sens même des pesanteurs militaro- affairisto-tribales se dressent
sur son chemin.
La Mauritanie est un pays dont le système tente toujours
et réussit à caser les intellectuels pour devenir des politiciens acquis aux
systèmes en place. Les bons intellectuels ont le devoir d`éveiller le peuple
dans ses droits et ses obligations pour qu`il vive en paix, en harmonie, en
parfaite cohésion dans l`amour, la justice, le respect de la dignité de chacun.
Le dialogue politique tant attendu entre le pouvoir et
l`opposition semble ne pas évoluer car les politiques ne cherchent que leurs intérêts
pour la plupart. Comment faire participer les bons intellectuels du pays s`il y
en a dans ce dialogue tant attendu ?
Si les politiciens sont laisses à eux-mêmes, le dialogue ne tournera
qu`autour des questions mineures et purement électoralistes et non pas les
questions de fonds pour jeter les bases d`une Mauritanie qui aspire au développement.
Tout dialogue qui ne chercherait pas à évoquer la
question nationale, la cohabitation, les
séquelles de l`esclavage, l`éducation,
la distribution des richesses, les questions foncières, l`enrôlement en somme
la justice sociale et l’égalité des chances entre tous les citoyens du
pays ne serait que prendre le peuple
comme otage sans l’arène politique.
Certains commencent à parler de l`amendement de quelques articles de la
constitution pour lever quelques verrous tels que le mandat du président (2 mandats
de 6 ans non renouvelables) et l’âge
limite de candidature à l`élection présidentielle fixée à 75 ans.
Il serait mieux
pour la Mauritanie et pour son développement économique et social et pour le renforcement
de son processus démocratique de laisser le Président actuel terminer son
deuxième et dernier mandat car cette stabilité même dans la douleur pour
certains serait mieux que toute dissolution de l`assemblée et d`organiser des
élections anticipées avec une révision de la constitution qui risqueraient de
plonger le pays dans des lendemains incertains.
A force que l`opposition veuille coute que coute arriver
au pouvoir et que le pouvoir cherche par tous les moyens possibles de conserver
ce pouvoir dans un pays aux institutions encore fragiles et ou les
revendications sociales et identitaires couplées a la crise sécuritaire dans le
sahel sont du quotidien, toute révision de la constitution qui verserait vers
les amendements du mandat présidentiel et les âges limites des candidats aux
présidentielles pourrait conduire la Mauritanie dans l`inconnu.
Je ne prétends être ni un bon intellectuel non plus un
fin politicien mais un observateur averti de tout ce qui se passe en Mauritanie
du point de vue politique, économique, culturel, social, sécuritaire,
développemental etc…mais je pense que les questions nationales ne sont pas bien
posées en Mauritanie. Chercher à les poser dans cette atmosphère polluée par
les politiciens de tout bord ne les
résolvent guère.
Au lieu d`aller vers un dialogue qui ne verserait pas
dans le traitement de la question nationale, de la bonne cohabitation et une
cohésion sociale entre les différentes composantes ethniques de la Mauritanie serait
une perte de temps et d`opportunité et plus grave prendre le peuple en otage.
Si vraiment toutes les parties pour ne pas dire les deux
extrêmes sont sincères sur la volonté de refonder la Mauritanie loin des
agendas caches et politiciens mieux vaut organiser un congrès national pour
débattre sans tabou et sans détour toutes les questions qui relèvent de la stabilité, de la sécurité et
du développement économique, social et humain durable de la Mauritanie même
s`il faut aller vers une nouvelle constitution plus juste, égalitaire et
démocratique par la suite.
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