L’éducation est
un droit fondamental. Il est du devoir de tous les gouvernements d’offrir une
éducation publique, gratuite de qualité à tous ses citoyens. Les compétences des
citoyens d’un pays sont les seules à garantir son succès pour accéder au
concert des nations.
L’éducation n’est
pas l’affaire d’une seule entité mais la synergie des efforts de toutes les
parties prenantes impliquées (la communauté internationale, les gouvernements
et les familles). J’aimerai rappeler qu’un système éducatif est une lourde
machine et que si cette machine est grippée, sa réorientation demande du temps.
Vouloir ou promettre réorienter sa trajectoire dans 3 ou 4 ans ne serait que
manipuler ‘ les signes extérieures ’ou traiter les symptômes.
La méthodologie
que je compte adopter ici tente à situer les responsabilités de l’effondrement
du système éducatif mauritanien et proposer des pistes de solutions en vue de
contribuer à son amélioration et surtout pour les enfants ruraux les plus
défavorisés.
A-
La
responsabilité de la communauté internationale ou les pays riches
Il n’est pas surprenant ou mal placé de citer nommément la communauté
internationale dans l’effondrement du système éducatif mauritanien car à
l’instar des autres pays africains, elle a subi d’abord la domination arabe et
par la suite la colonisation française qui continuent à façonner ou à influer
sur les politiques éducatives dans le pays.
1-
L’avènement
des programmes d’ajustement structurel en Mauritanie concrétisée par les
l’intervention de la Banque Mondiale et l’imposition de ses politiques aux pays
pauvres comme la Mauritanie à réduire leurs dépenses liées aux services sociaux
de base dont l’éducation.
2-
La
non- atteinte de l’objectif du mouvement de l’éducation pour tous entre 1990 (sommet
de Jomstien en Thailande) et 2000 (forum de Dakar au Sénégal) en faveur de
l’éducation pour tous car tous les contours pour sa réussite n’étaient pas pris
en compte.
3-
Le
non- respect des engagements des donateurs- étrangers quant au financement de
l’éducation pour tous.
4-
Les
politiques de la Banque Mondiale et les objectifs de l’éducation pour tous
couplés à l’expansion de la démographie scolaire ont engendré comme
conséquences la réduction du budget destiné au secteur éducatif avec comme
effets néfastes :
a-
Fermeture
des internats, suppression des bourses dans le secondaire et réduction
drastique des bourses à l’étranger.
b-
Avènement
des écoles privées, poussant comme des champignons mettant en péril l’école
publique ; l’état se désengageait petit à petit car il ne pouvait pas
assurer cette éducation pour tous à lui seul.
c-
Les
écoles à double flux et les classes multigrades réduisant de façon considérable
les horaires d’apprentissage des apprenants.
d-
Des
classes surtout dues à l’insuffisance des infrastructures et des enseignants
e-
L’aide tend à représenter une part importante
des budgets des pays pauvres- Les donateurs semblent favoriser financer les
dépenses liées aux équipements (infrastructures) aux dépenses dites courantes
(salaires des enseignants)
B-
La
responsabilité des gouvernements mauritaniens
Certes, nous ne pouvons point continuer à endosser la responsabilité de
l’effondrement du système éducatif mauritanien aux politiques de la Banque
Mondiale et au non- respect des engagements des donateurs et bailleurs.
Les responsables politiques de tous les régimes qui se sont succédés ont par
manque de volonté politique ou intentionnellement mis à genoux le système
éducatif.
1-
Faible
budget alloué à l’éducation et opacité ou manque de transparence dans sa
gestion. Ceci a eu comme conséquences :
a-
L’effondrement
de l’école publique
b-
La
réduction des années de formation initiale des enseignants et la réduction du
temps de leur formation continue engendrant la baisse de leur niveau et par
ricochet celui des apprenants
c-
Déficit
criant des enseignants obligeant l’état à faire recours aux contractuels sans
qualification aucune
d-
Le
privilège de la quantité des apprenants à la qualité des apprentissages
e-
La
faiblesse dans les salaires des enseignants les poussant à chercher un travail
parallèle ou à aller vers les écoles privées.
f-
Insuffisance
des supports didactiques comme les manuels scolaires par exemple
g-
La
non- intégration des langues nationales dans le système éducatif
2-
Faiblesse
dans le pilotage du système, de son suivi et institutionnalisation du
clientélisme et de la corruption
a-
Les
responsables du pilotage du système sont choisis sont choisis soit par
appartenance idéologique ou par clientélisme loin des critères de compétences
et d’intégrité
b-
Le
manque de stabilité dans les organigrammes du ministère (des fois c’est le
ministère de l’éducation nationale, parfois c’est le ministère de
l’enseignement fondamental et secondaire et des fois ces ministères sont érigés
en secrétariat dirigé par un ministère d’état)
c-
Le
manque de stabilité dans les reformes qui sont loin d’être une concertation
entre les responsables du système, les enseignants et les familles
d-
L’importance
de la langue ou des langues d’enseignement qui changent au gré des responsables
politiques
e-
Absence
de données fiables pour appuyer le suivi et l’évaluation du système ainsi que
dans la prise des décisions
f-
Financement
des écoles publiques non prioritaire car les élites et les hommes politiques
envoient leurs enfants soit à l’étranger ou dans les écoles privées de renom
qui ne sont pas à la portée de toutes les bourses
g-
Corruption
des responsables publiques qui peuvent réduire les dépenses en faveur des
écoles au profit des grosses dépenses au secteur de la défense ou celui des
infrastructures lourdes comme la construction des routes, des ports et des
aéroports ect…pouvant donner lieu facilement à des pots de vin.
h-
Mauvaise
gestion des ressources humaines résultant à des frustrations dans les
promotions et les affectations
i-
Manque
dans les infrastructures d’accueil pour la formation professionnelle des
enfants en échec scolaire
j-
Absence
du préscolaire public pour préparer les enfants pour le fondamental
C-
La
responsabilité des communautés et des familles
Les familles ont tendance à rejeter l’effondrement du système éducatif ou
l’échec scolaire sur le dos du gouvernement seul. Les familles ont une grande
responsabilité dans la réussite ou l’échec des enfants. Certains facteurs
socio- culturels ou socio- économiques peuvent aussi influer largement un
système éducatif :
a-
L’occupation
anarchique du territoire (habiter ou faire des petits villages). Les écoles
communautaires ou des écoles à classe unique ne favorisent guère une éducation
de qualité des enfants.
b-
Le
manque de conviction que l’investissement dans l’éducation des enfants n’est
pas perdu
c-
Certains
parents ne connaissent pas que l’éducation est un des droits de l’enfant
d-
Le
confiage ou le non-accompagnement des enfants élèves et surtout les filles qui
réussissent pour aller au collège
e-
Les
tâches domestiques infligées aux enfants et surtout aux filles
f-
Les
mariages précoces ne donnent pas la chance aux filles de pousser leurs études
jusqu’au supérieur
g-
Les
pesanteurs socio- culturels rendant certaines familles très sceptiques par
rapport à l’éducation des filles n’encouragent point leur scolarité
h-
Les
facteurs socio- économiques : les perspectives de scolarisation, de
progression et de l’achèvement dans le primaire sont étroitement liées à la
situation familiale et sociale. L’échec scolaire du à la situation économique
de la famille peut être une cause de l’abandon ou de déperdition scolaire.
Après avoir situé
les responsabilités de l’effondrement du système éducatif à tous les niveaux
(international, gouvernemental et communautaire), comme nous ne pouvons
influencer ni les politiques des bailleurs ni celles du gouvernement
mauritanien par manque de canaux de communication, nous pouvons quand même oser
chercher des pistes de solution et avec les méthodes participatives pour
chercher à ‘contribuer à améliorer l’éducation des enfants de notre communauté
surtout dans le monde rural’.
1-
Sensibiliser
la communauté à changer son mode d’occupation du territoire en changeant ou en
améliorant notre façon d’habiter. Se regrouper dans des gros villages pouvant
bénéficier des écoles à cycle complet.
2-
Sensibiliser
la communauté à faire du réseautage pour que les compétents enseignants de la
communauté soient affectés dans nos villages
3-
Sensibiliser
la communauté sur le fait que l’investissement dans l’éducation de nos enfants
est un gage pour le développement de notre communauté et une garantie pour nos
familles
4-
Sensibiliser
la communauté sur la nécessité d’initier des jardins d’enfants communautaires
pouvant préparer nos enfants au fondamental.
5-
Sensibiliser
la communauté à utiliser les compétences de nos enseignants retraités et les
motiver pour donner des cours d’appui aux élèves ayant des défis en termes
d’acquisition et d’apprentissage
6-
Encourager
les associations villageoises à mettre dans leurs activités ‘ le dispensions
des cours de vacances’
7-
Sensibiliser
et éduquer les parents d’élèves sur leurs rôles et responsabilités quant à
l’éducation des enfants et au suivi de l’assiduité des enseignants et l’état
des écoles entre autres
8-
Sensibiliser
la communauté à alléger le travail des enfants élèves et surtout les taches
ménagères pour les filles
9-
Sensibiliser
la communauté et les parents que l’éducation n’est pas le monopole de l’état
tout seul mais une collaboration entre les familles, les enseignants et
l’école.
10-
Sensibiliser
la communauté à s’organiser pour accompagner les élèves surtout filles qui
réussissent et doivent quitter le village pour aller au collège
11-
Sensibiliser
la communauté sur le droit de l’éducation de l’enfant.
12-
Organiser
une journée de l’éducation dans l’un de nos grands villages pour débattre des
défis et vulgariser les alternatives proposées
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