samedi 12 septembre 2015

Contribuer à améliorer l’éducation des enfants surtout dans le rural Mauritanien

L’éducation est un droit fondamental. Il est du devoir de tous les gouvernements d’offrir une éducation publique, gratuite de qualité à tous ses citoyens. Les compétences des citoyens d’un pays sont les seules à garantir son succès pour accéder au concert des nations.
L’éducation n’est pas l’affaire d’une seule entité mais la synergie des efforts de toutes les parties prenantes impliquées (la communauté internationale, les gouvernements et les familles). J’aimerai rappeler qu’un système éducatif est une lourde machine et que si cette machine est grippée, sa réorientation demande du temps. Vouloir ou promettre réorienter sa trajectoire dans 3 ou 4 ans ne serait que manipuler ‘ les signes extérieures ’ou traiter les symptômes.
La méthodologie que je compte adopter ici tente à situer les responsabilités de l’effondrement du système éducatif mauritanien et proposer des pistes de solutions en vue de contribuer à son amélioration et surtout pour les enfants ruraux les plus défavorisés.
A-     La responsabilité de la communauté internationale ou les pays riches
Il n’est pas surprenant ou mal placé de citer nommément la communauté internationale dans l’effondrement du système éducatif mauritanien car à l’instar des autres pays africains, elle a subi d’abord la domination arabe et par la suite la colonisation française qui continuent à façonner ou à influer sur les politiques éducatives dans le pays.
1-      L’avènement des programmes d’ajustement structurel en Mauritanie concrétisée par les l’intervention de la Banque Mondiale et l’imposition de ses politiques aux pays pauvres comme la Mauritanie à réduire leurs dépenses liées aux services sociaux de base dont l’éducation.
2-      La non- atteinte de l’objectif du mouvement de l’éducation pour tous entre 1990 (sommet de Jomstien en Thailande) et 2000 (forum de Dakar au Sénégal) en faveur de l’éducation pour tous car tous les contours pour sa réussite n’étaient pas pris en compte.
3-      Le non- respect des engagements des donateurs- étrangers quant au financement de l’éducation pour tous.
4-      Les politiques de la Banque Mondiale et les objectifs de l’éducation pour tous couplés à l’expansion de la démographie scolaire ont engendré comme conséquences la réduction du budget destiné au secteur éducatif avec comme effets néfastes :
a-      Fermeture des internats, suppression des bourses dans le secondaire et réduction drastique des bourses à l’étranger.
b-      Avènement des écoles privées, poussant comme des champignons mettant en péril l’école publique ; l’état se désengageait petit à petit car il ne pouvait pas assurer cette éducation pour tous à lui seul.
c-       Les écoles à double flux et les classes multigrades réduisant de façon considérable les horaires d’apprentissage des apprenants.
d-      Des classes surtout dues à l’insuffisance des infrastructures et des enseignants
e-       L’aide tend à représenter une part importante des budgets des pays pauvres- Les donateurs semblent favoriser financer les dépenses liées aux équipements (infrastructures) aux dépenses dites courantes (salaires des enseignants)
B-     La responsabilité des gouvernements mauritaniens
Certes, nous ne pouvons point continuer à endosser la responsabilité de l’effondrement du système éducatif mauritanien aux politiques de la Banque Mondiale et au non- respect des engagements des donateurs et bailleurs. Les responsables politiques de tous les régimes qui se sont succédés ont par manque de volonté politique ou intentionnellement mis à genoux le système éducatif.
1-      Faible budget alloué à l’éducation et opacité ou manque de transparence dans sa gestion. Ceci a eu comme conséquences :
a-      L’effondrement de l’école publique
b-      La réduction des années de formation initiale des enseignants et la réduction du temps de leur formation continue engendrant la baisse de leur niveau et par ricochet celui des apprenants
c-       Déficit criant des enseignants obligeant l’état à faire recours aux contractuels sans qualification aucune
d-      Le privilège de la quantité des apprenants à la qualité des apprentissages
e-      La faiblesse dans les salaires des enseignants les poussant à chercher un travail parallèle ou à aller vers les écoles privées.
f-       Insuffisance des supports didactiques comme les manuels scolaires par exemple
g-      La non- intégration des langues nationales dans le système éducatif
2-      Faiblesse dans le pilotage du système, de son suivi et institutionnalisation du clientélisme et de la corruption
a-      Les responsables du pilotage du système sont choisis sont choisis soit par appartenance idéologique ou par clientélisme loin des critères de compétences et d’intégrité
b-      Le manque de stabilité dans les organigrammes du ministère (des fois c’est le ministère de l’éducation nationale, parfois c’est le ministère de l’enseignement fondamental et secondaire et des fois ces ministères sont érigés en secrétariat dirigé par un ministère d’état)
c-       Le manque de stabilité dans les reformes qui sont loin d’être une concertation entre les responsables du système, les enseignants et les familles
d-      L’importance de la langue ou des langues d’enseignement qui changent au gré des responsables politiques
e-      Absence de données fiables pour appuyer le suivi et l’évaluation du système ainsi que dans la prise des décisions
f-       Financement des écoles publiques non prioritaire car les élites et les hommes politiques envoient leurs enfants soit à l’étranger ou dans les écoles privées de renom qui ne sont pas à la portée de toutes les bourses
g-      Corruption des responsables publiques qui peuvent réduire les dépenses en faveur des écoles au profit des grosses dépenses au secteur de la défense ou celui des infrastructures lourdes comme la construction des routes, des ports et des aéroports ect…pouvant donner lieu facilement à des pots de vin.
h-      Mauvaise gestion des ressources humaines résultant à des frustrations dans les promotions et les affectations
i-        Manque dans les infrastructures d’accueil pour la formation professionnelle des enfants en échec scolaire
j-        Absence du préscolaire public pour préparer les enfants pour le fondamental
C-     La responsabilité des communautés et des familles
Les familles ont tendance à rejeter l’effondrement du système éducatif ou l’échec scolaire sur le dos du gouvernement seul. Les familles ont une grande responsabilité dans la réussite ou l’échec des enfants. Certains facteurs socio- culturels ou socio- économiques peuvent aussi influer largement un système éducatif :
a-      L’occupation anarchique du territoire (habiter ou faire des petits villages). Les écoles communautaires ou des écoles à classe unique ne favorisent guère une éducation de qualité des enfants.
b-      Le manque de conviction que l’investissement dans l’éducation des enfants n’est pas perdu
c-       Certains parents ne connaissent pas que l’éducation est un des droits de l’enfant
d-      Le confiage ou le non-accompagnement des enfants élèves et surtout les filles qui réussissent pour aller au collège
e-      Les tâches domestiques infligées aux enfants et surtout aux filles
f-       Les mariages précoces ne donnent pas la chance aux filles de pousser leurs études jusqu’au supérieur
g-      Les pesanteurs socio- culturels rendant certaines familles très sceptiques par rapport à l’éducation des filles n’encouragent point leur scolarité
h-      Les facteurs socio- économiques : les perspectives de scolarisation, de progression et de l’achèvement dans le primaire sont étroitement liées à la situation familiale et sociale. L’échec scolaire du à la situation économique de la famille peut être une cause de l’abandon ou de déperdition scolaire.
Après avoir situé les responsabilités de l’effondrement du système éducatif à tous les niveaux (international, gouvernemental et communautaire), comme nous ne pouvons influencer ni les politiques des bailleurs ni celles du gouvernement mauritanien par manque de canaux de communication, nous pouvons quand même oser chercher des pistes de solution et avec les méthodes participatives pour chercher à ‘contribuer à améliorer l’éducation des enfants de notre communauté surtout dans le monde rural’.
1-      Sensibiliser la communauté à changer son mode d’occupation du territoire en changeant ou en améliorant notre façon d’habiter. Se regrouper dans des gros villages pouvant bénéficier des écoles à cycle complet.
2-      Sensibiliser la communauté à faire du réseautage pour que les compétents enseignants de la communauté soient affectés dans nos villages
3-      Sensibiliser la communauté sur le fait que l’investissement dans l’éducation de nos enfants est un gage pour le développement de notre communauté et une garantie pour nos familles
4-      Sensibiliser la communauté sur la nécessité d’initier des jardins d’enfants communautaires pouvant préparer nos enfants au fondamental.
5-      Sensibiliser la communauté à utiliser les compétences de nos enseignants retraités et les motiver pour donner des cours d’appui aux élèves ayant des défis en termes d’acquisition et d’apprentissage
6-      Encourager les associations villageoises à mettre dans leurs activités ‘ le dispensions des cours de vacances’
7-      Sensibiliser et éduquer les parents d’élèves sur leurs rôles et responsabilités quant à l’éducation des enfants et au suivi de l’assiduité des enseignants et l’état des écoles entre autres
8-      Sensibiliser la communauté à alléger le travail des enfants élèves et surtout les taches ménagères pour les filles
9-      Sensibiliser la communauté et les parents que l’éducation n’est pas le monopole de l’état tout seul mais une collaboration entre les familles, les enseignants et l’école.
10-   Sensibiliser la communauté à s’organiser pour accompagner les élèves surtout filles qui réussissent et doivent quitter le village pour aller au collège
11-   Sensibiliser la communauté sur le droit de l’éducation de l’enfant.
12-   Organiser une journée de l’éducation dans l’un de nos grands villages pour débattre des défis et vulgariser les alternatives proposées

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