Sans nul doute ; à l’instar de la plupart des pays africains en
général et de l’Afrique subsaharienne en particulier, le système de santé en
Mauritanie est l’un des plus fragiles au monde. S`il avère que le pays continue
de souffrir du manque criant de données socio- économiques fiables pouvant
servir à une programmation rigoureuse des politiques et des stratégies sanitaires
d’une part et de l’application effective des politiques et stratégies existantes,
on est tenté de dire que la situation des indicateurs lies a la sante n`est pas
reluisante
L'accès à des soins de santé
de qualité est un droit fondamental et non un luxe. Chaque individu dans ce
monde devrait pouvoir se rendre dans une structure de sante et recevoir les
soins et médicaments dont il a besoin. Pourtant, aujourd’hui dans les pays en
développement, et surtout en Afrique subsaharienne, des millions de personnes
en sont totalement privées, en particulier à cause de raisons purement financières. Permettre à garantir ce droit
fondamental à toutes et tous constitue
un défi énorme, mais défi possible de relever
·
Les
gens continuent de mourir chaque minute à cause des maladies dangereuses mais
pourtant évitables
·
Des
centaines de femmes meurent chaque jour de causes évitables liées à la
grossesse et à l’accouchement
·
Des milliers
d`enfants de moins de 5 ans meurent de pneumonie chaque jour
·
Chaque
année, plus de 100 millions de personnes basculent dans la pauvreté suite à des
dépenses de santé auxquelles ils ne peuvent faire face.
La santé doit être un droit et un bien public accessible à toutes et tous.
Les gouvernements des pays en développement doivent être en mesure d’investir
dans leurs services de santé pour un accès universel aux soins. Les pays riches
doivent quant à eux respecter leurs engagements d’aide au développement en
matière de santé et mener des politiques cohérentes, n’allant pas en défaveur
du droit à la santé pour toutes et tous.
Les facteurs lies a la fragilité du système de santé en Mauritanie sont
multidimensionnels et les défis à relever énormes. Nous allons procéder à
émettre certains indicateurs tirés des enquêtes menées par des organisations internationales ;
ces indicateurs sont à prendre au conditionnel. Pour des raisons politiques,
les données émanant des services publics semblent ne pas refléter la réalité et
celles des bailleurs semblent peindre une photo plus fragile pour des raisons
de marketing afin d`intercepter les
financements
-
Le
taux d’accessibilité géographique à une structure de santé dans un rayon de 5
km était de 67,3% en 2008.
-
L’espérance
de vie à la naissance était en 2009 de 57 années pour les hommes et de 60 ans
pour les femmes
-
La
Mauritanie est loin d’atteindre la cible OMD 4, 45%0 en fin 2015, correspondant
à une réduction de 2/3 de la mortalité juvénile à partir du taux de 1990,
estimé à 137%0.
-
La
situation est encore moins favorable pour le taux de mortalité maternelle, qui
demeure aux environs de 715 selon la méthode directe et de 626 selon la méthode
indirecte pour les 100 000 naissances vivantes, alors que la cible
attendue en 2015 est de 233 pour 100 000 naissances vivantes
-
Le
taux de mortalité des enfants de moins de 5 ans est à 118 pour 1000 en 2011.
-
La
Mauritanie se trouve également dans une situation de faible couverture des
services d’assainissement de 20, 6% en 2000 à 34, 5% en 2014
-
Un
faible accès des ménages à l’eau potable de 40 % en 2000 à 58 % en 2014 et des mauvaises
pratiques d’hygiène au niveau domestique et communautaire, ce qui contribue à
un mauvais état nutritionnel des enfants
Ces indicateurs non reluisants et à la traine sont
essentiellement dus à ;
-
Faible
accès aux structures de santé pour les populations et surtout rurales
-
Faible
accès aux soins de base au niveau communautaire
-
Faible
investissement dans le secteur communautaire- Prévention
-
Insuffisance
du nombre du personnel technique qualifié
-
Fort
taux d’absentéisme du personnel médical
-
Défaut
de supervision à tous les niveaux- central, régionale départemental
-
Faible
motivation des agents de santé/ surcharge de travail
-
Faible
application de la déclaration de Bamako-
accès et règlementation pour la vente des médicaments
-
Mauvaise
qualité des services y compris de l’accueil des patients
-
Faible
communication par rapport aux désastres et épidémies- fièvre dingue et celle de
la vallée du rift
-
Récurrence
de la malnutrition avec des pics en période de soudure
-
Faible
lien entre CRENAM, CRENAS et CRENI
-
Faible
système de référence
-
Faible
système d’information sanitaire
-
Faible
remontée du système d’information
-
Pas
d’activités communautaires de dépistage et de référence dans les régions sans
l’appui des ONGs
-
Intérêts
des bailleurs et de l’état plus orientés vers les aspects curatifs au détriment
de la prévention
-
Comportements
et pratiques non favorables des populations en matière d’hygiène et
d’assainissement
-
Faible
couverture d’accès à l’eau potable, fort usage des puits en milieu rural
-
Faible
densité des populations et enclavement qui ne favorisent pas les
investissements- la rentabilité
Pour contribuer à améliorer la santé des
populations rurales, il faudra procéder par ;
-
Encourager
la création des USBs (Unité de Sante de Base) dans les villages sans structures
de santé
-
Encourager
la formation des ASCs (Agents de Santé Communautaire) issus des communautés
villageoises
-
S’organiser
pour la motivation des ASCs au niveau communautaire
-
Des
ASCs bien formés et bien motivés peuvent aider les femmes enceintes,
allaitantes et en âge de procréer à fréquenter les structures de santé pour les
consultations pré et post-natales et dans la vaccination des enfants contre les
maladies dangereuses.
-
Encourager
la dotation des ASCs en médicaments génériques pour une meilleure accessibilité
-
Aider
les ASCs à référer les patients au niveau des structures de santé
-
S’organiser
pour l’évacuation des patients vers les centres de référence surtout pour les
villages enclavés
-
Sensibiliser
les populations rurales que la santé est une ressource à protéger et non une
fin en soi
-
Renforcer
le système de santé communautaire en ciblant les enfants de 0 à 5 ans, les
femmes enceintes et allaitantes et les enfants de 6 à 18 ans
-
Renforcer
la structure communautaire de base y compris les ASCs et les Relais
communautaires
-
Vulgarisation
et opérationnalisation du document de santé communautaire
-
Améliorer
l’accès des ménages à l’eau et à l’assainissement
-
Encourager
la construction des latrines dans les villages pour diminuer les défécations à
l’air libre
-
Renforcer
les capacités de préparation, de prévention et de réponse des structures communautaires face aux risques de
catastrophes- Associations villageoises, coopératives féminines, élus locaux,
leaders communautaires, les ménages et les leaders religieux.
-
Améliorer
la sécurité alimentaire des ménages les plus vulnérables à travers
l’accroissement et la diversification des revenus, le renforcement de la
protection agro-alimentaire et l’éducation alimentaire
-
Encourager
le personnel de santé sur le terrain à organiser des séances d’éducation pour
la santé dans les villages
-
Encourager
le personnel de santé sur le terrain à organiser des séances d’Education pour
le Changement de Comportement dans les villages
-
Encourager
des caravanes médicales pendant les journées culturelles dans les villages
-
Identifier
les pathologies les plus fréquentes dans les différentes tranches d’âge dans
les villages en vue de chercher des moyens de les prévenir
-
Encourager
des bonnes pratiques d`hygiène comme le lavage des mains avec du savon avant de
manger, après les toilettes, en préparant la nourriture et en donnant à manger
aux enfants
-
Encourager
les ménages dans des bonnes pratiques
alimentaires pour éviter de tomber dans la malnutrition
-
Sensibiliser
les ménages à investir davantage dans la santé communautaire
-
Faire
un plaidoyer pour diminuer l’absentéisme du personnel de santé
-
Sensibiliser
les élus locaux, les maires, les députes et les sénateurs pour faire pression
sur l`état à rehausser le budget de la santé
-
Sensibiliser
les maris et les épouses a l`espacement des naissances
-
Encourager
l1education des filles
Les gouvernements des pays en développement doivent être en mesure d’investir dans leurs services de santé pour un accès universel aux soins. Les pays riches doivent quant à eux respecter leurs engagements d’aide au développement en matière de santé et mener des politiques cohérentes, n’allant pas en défaveur du droit à la santé pour toutes et tous.
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